Pour une nouvelle République avec Hollande

Contribution: « Pour une nouvelle République avec Hollande »

Tribune parue dans le NouvelObs.fr le 18 avril 2012.

par- Jean-Pierre Mignard, avocat à la cour; Frédérique Bredin, inspecteur général des finances, ancien ministre; Michel Broué, mathématicien; Jean-Noël Jeanneney, historien, ancien ministre; Louis Joinet, magistrat ; Christine Lazerges, professeure de droit; Henri Leclerc, avocat à la cour; Pap Ndiaye, historien; Mona Ozouf, historienne; Joël Roman, philosophe; Fabienne Servan-Schreiber, productrice; Benjamin Stora, historien; Michel Wieviorka, sociologue (*)

Nous voulons le changement et nous le voulons maintenant. Nous voterons dès le 22 avril pour François Hollande. Nous avons conscience que c’est autour de sa candidature que la victoire est possible. Nous sommes aussi conscients que c’est avec sa candidature que la France devra relever les défis d’un nouvel ordre du monde.

Si l’on ne peut pas distribuer des richesses que l’on n’a pas ou plus, il faut que les êtres humains soient enfin respectés, que la jeunesse soit la première des priorités, que la vieillesse soit protégée, que l’on en finisse avec la tyrannie de l’argent dans une société gangrenée par la pauvreté et la stigmatisation quasi officielle des étrangers et des immigrés.

Nous sommes lucides sur les efforts nécessaires au redressement du pays. Mais ils ne seront acceptables et acceptés que si la France devient le modèle d’une démocratie politique, sociale et culturelle exemplaire. Loin de jeter le discrédit sur les « corps intermédiaires », c’est par une négociation large associant tous les acteurs, en particulier les partenaires sociaux, qu’un tel redressement pourra être entrepris.

Pour qu’une large majorité de Français adhère à ce renouveau, il faut qu’une vaste coalition se forme, aussi puissante que les défis lancés par la crise du capitalisme financier sont destructeurs. Cette coalition doit regrouper tous les hommes et toutes les femmes, les partis et les courants de pensée qui le souhaitent, en dehors des classifications auxquelles nous sommes accoutumés et qui nous servent parfois de confort.

Qu’importe s’ils viennent de la gauche radicale, de la social-démocratie, de l’écologie, du courant démocrate ou du gaullisme social. Et tant mieux s’ils viennent de l’arc le plus large, du Front de Gauche au MoDem, tellement la volonté commune d’une République nouvelle doit savoir vaincre les vieilles timidités.

L’essentiel est que tous veuillent un pays redressé, conscient, adulte, un peuple dont l’Etat n’est pas confisqué, mais partagé avec lui et à son seul service. La vigueur du combat économique et social dépendra de la qualité de la vie démocratique.

La séparation effective des pouvoirs, l’indépendance de la justice, avec un statut d’autorité judiciaire indépendante pour les magistrats du parquet, la nomination impartiale des présidents des médias, le pouvoir renforcé du Parlement, le respect des contre-pouvoirs institutionnels, l’instauration d’un scrutin proportionnel partiel, la suppression de la Cour de justice de la République, le non-cumul des mandats, une nouvelle séquence dans la décentralisation, la création des outils d’une démocratie participative et référendaire, le financement public réservé aux seuls partis politiques respectant la parité, la prévention stricte des confits d’intérêts, l’inéligibilité automatique pour dix ans de tout élu convaincu de corruption, voilà quelques pistes d’une République digne, pour succéder à une République offensée.

La même transparence sera demandée à l’Europe qui devra cesser d’être une forteresse lointaine et technocratique pour devenir le tremplin d’un modèle social commun à tous les peuples qu’elle réunit. Il ne saurait exister de monnaie sans pouvoir démocratique qui lui soit associé. Ces pistes doivent être empruntées dès l’élection pour que le peuple français retrouve confiance dans ses élus, reprenne courage et mobilise ses forces, qu’il soit effectivement associé aux décisions, lourdes et nécessaires, qui le concernent lui et lui seul.

(*) La rubrique « Contributions au débat » a pour objet de réunir des réflexions individuelles de membres de DJS ou de groupes de travail constitués au sein du Club. Elles font l’objet de débats internes et participent pleinement à l’élaboration de nos propositions sur les questions de Justice et de sécurités