Nostradamus : surmonter les angoisses du monde

Michel de Notre Dame, dit Nostradamus, vécut de 1503 à 1565. Médecin, astrologue et poète, il a laissé derrière lui des prophéties qui l’ont installé pour des siècles et jusqu’aujourd’hui au cœur de l’imaginaire et des angoisses des sociétés successives. Ses prédictions n’ont pas cessé de nourrir, de génération en génération, les élucubrations les plus folles des marchands d’apocalypse.

Et voici que la peur du nucléaire que fait naître le drame japonais de Fukushima –drame japonais et, à vrai dire, universel-, ouvre un champ plus large que jamais à ses annonces terrifiées de la fin d’un monde, sinon de la fin du monde. Nul n’empêchera jamais personne de fantasmer sur les Centuries, ces quatrains de Nostradamus toujours suffisamment obscurs pour se prêter (et c’est le premier ressort de leur formidable prospérité posthume) à toutes les interprétations permettant d’affirmer qu’ils se trouvent ratifiés après coup par les événements les plus divers et les plus inattendus. Mais par-delà cette sorte de jeu intellectuel plus ou moins sincèrement distancié, il est plus intéressant, pour scruter le temps de Nostradamus comme le nôtre, de voir en lui le révélateur de sensibilités collectives hantées par des inquiétudes récurrentes, par des images de déchirement, de mort, d’agression incarnées dans le bestiaire qui peuple ses prophéties : aigles, sangliers, léopards et autres serpents…

Et tel est précisément l’éclairage que nous propose mon invité, Denis Crouzet, professeur à la Sorbonne, à Paris-IV, spécialiste des guerres de religion et des pratiques de violence à la Renaissance, dans la biographie qu’il consacre à cet impressionnant, à cet énigmatique personnage que fut Nostradamus.

JNJ