« Marie Claire » ou la révolution des femmes
1937, 3 mars. Un visage en gros plan à la une, un graphisme à l’américaine : conciliant droits et devoirs, le magazine affiche de nouvelles ambitions pour les femmes.
Le 3 mars 1937, les kiosques mettent en pile et proposent en abondance le premier numéro d’un mensuel qui, destiné au public féminin, est appelé à un bel avenir. Marie Claire est tiré d’entrée de jeu à 500 000 exemplaires et connaîtra une diffusion presque double à la veille de la guerre. Jean Prouvost, l’industriel lainier qui est en passe de hisser Paris-Soir jusqu’à une vente record de 1 700 000 numéros par jour, se lance dans cette aventure avec toute l’énergie et la détermination possibles. La couverture de la nouvelle publication est affichée en grand format sur les murs des villes. Le succès est à peu près immédiat et il prend, dans ce domaine spécifique, des allures de révolution. Le magazine américain Vogue a été scruté de près par la petite équipe à qui a été confiée l’aventure : le visage féminin en gros plan à la une, souriant et joyeux, s’inspire du modèle d’outre-Atlantique. Beaucoup d’espace dans les pages, une typographie très moderne, un graphisme original. On ne peut imaginer plus vif contraste, d’apparence et de fond, avec la principale publication qui, dans la mouvance catholique, dominait jusque-là dans ce champ en irriguant le marché des « mères de famille » : …