MAGNUM : si la photo est bonne…

Feuilleton, L'Histoire n°361 février 2011

1947, 22 mai Au XXe siècle, pas de journal sans photo : c'est la conviction des quatre photographes qui fondent en 1947 la coopérative Magnum. Deux d'entre eux la paieront de leur vie.

L'événement, en date du 22 mai 1947, est américain autant que français. Quatre photographes, déjà légendaires, fondent, ce jour-là, à Paris et à New York simultanément, une coopérative qu'ils maîtriseront à parts égales. Il s'agit (outre William et Rita Vandivert, qui s'en iront très vite), de Robert Capa, d'Henri Cartier-Bresson, de David Szymin (dit Chim) et de George Rodger.

Bref, l'aristocratie du reportage : des hommes qui parcourent la planète, souvent à grand risque, pour en donner à voir les soubresauts et les bouleversements. En parvenant, à force d'amitié et de chaleur, à surmonter leur individualisme atavique pour faire fructifier une solidarité, les créateurs de Magnum font franchir à leur métier, à leur vocation, à leur influence dans la presse une étape décisive.

L'époque est propice. La télévision n'a pas encore imposé sa concurrence brutale, et qui si souvent banalise, tandis que plus que jamais, à l'issue d'un effroyable conflit, le public est avide d'en visualiser les suites. Voilà déjà longtemps que des entrepreneurs de presse ont compris l'avantage que les journaux tireraient de photographies de mieux en mieux reproduites grâce aux progrès de la technique.

En France, le quotidien Excelsior , fondé en 1910, a assuré, en pionnier, sa popularité grâce à la place qu'il leur a faite : 25 à 30 clichés par numéro. Les journaux les plus guindés peuvent bien se refuser à y avoir recours – tels, jusqu'à leur fin sous Vichy, le Journal des débats ou Le Temps (rejet auquel Le Monde restera…