Longtemps avant les éoliennes : les hommes et le vent au Moyen-Âge

Concordance des temps – émission du 17 décembre 2011

Avec Jean-Pierre Leguay, professeur émérite à l’Université de Rouen.

Voici que les éoliennes arrivent à grand pas, si je peux risquer cette formule osée et quelque peu anthropomorphique. Le gouvernement français vient en effet de lancer un appel d’offres pour l’attribution de cinq zones de production éolienne en mer, dans la Manche et dans le Golfe de Gasconne, des éoliennes capables de fournir trois gigawatts d’électricité, c’est-à-dire l’équivalent de trois centrales nucléaires. L’enjeu est évidemment essentiel au cœur du grand débat européen et français sur l’avenir de nos ressources énergétiques. Les ingénieurs vont y déployer leur talent et les poètes y ressourcer leurs rêves en pleine fidélité à Saint John Perse dans son grand poème lyrique de 1946 :

« C'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde qui n’avaient d’aire ni de gite,
Qui n'avaient garde ni mesure et nous laissaient hommes de paille,
En l'an de paille sur leur erre,
Ah oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants … »

C’est du côté du Moyen-Âge, ce matin, que nous allons chercher nos poètes. Pour évoquer les imaginaires, les effrois et les mythes qu’y a fait naître le vent, entre tempêtes et bonaces, entre le sec et l’humide, entre bienfaits et maléfices. Et bien sûr il va être question des moulins, puisqu’il s’agit bien des ancêtres des curieuses machines dégingandées qui font surgir sur les flots. Jean-Pierre Leguay, professeur émérite à l’Université de Rouen, est l’auteur d’un ouvrage récent et remarqué sur ce thème. Il est donc mon invité.

Jean-Noël Jeanneney