Les stratégies littéraires de Marcel Proust : dépassées?

Concordance des temps – émission du 5 novembre 2011

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Avec Pierre Assouline qui vient de publier un "Autodictionnaire Proust".

Tout comme les pommes, les prix littéraires tombent chaque année, et les deux principaux d’entre eux, le Goncourt et le Renaudot, viennent d’être décernés parmi ce plaisant tumulte médiatique qui, devant le restaurant Drouant, place Gaillon, fait éminemment partie de leur charme. Chaque année, fleurissent immuablement les critiques à propos des ressorts de leur attribution, de la composition des jurys, des machinations supposées des éditeurs. Faut-il avoir un avis sur le Goncourt ? se demandait un jour Angelo Rinaldi, et il répondait : « L’indignation est aussi ridicule que la louange. Le Goncourt fait partie du paysage français, au même titre que la relève de la garde républicaine ou que le défilé du 14 juillet ». Eh bien ! C’est pour nous une raison de plus de nous intéresser à lui sous la lumière de la longue durée, et plus largement à ce qu’on est légitimé à appeler les stratégies littéraires des auteurs et de ceux qui les publient. Et pour ce faire, rien de plus éclairant, me semble-t-il, que de braquer l’attention sur le cas de Marcel Proust et de son éditeur Gaston Gallimard. Marcel Proust qui, provoquant beaucoup de tumulte, obtint le prix Goncourt en 1919 pour son livre A l’ombre des jeunes filles en fleurs, par six voix contre quatre à Roland Dorgelès, écrivain combattant auteur de Croix de bois. Marcel Proust qui consacra, durant toute sa vie d’écrivain, des efforts ardents et multiformes pour assurer à son œuvre une diffusion digne de son génie. J’ai invité Pierre Assouline pour en parler avec moi, car il vient de publier un précieux Autodictionnaire Proust, une anthologie de ses écrits où abondent les informations sur le sujet qui va nous occuper ce matin.

Jean-Noël Jeanneney