Les Chrétiens d’Orient : permanence et précarité

Concordance des temps – émission du 24 décembre 2011

Avec Bernard Heyberger, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) où il dirige l’Institut d’étude de l’Islam et des sociétés du monde musulman.

Les nouvelles qui nous viennent d’Egypte ces derniers temps nous disent la lourde inquiétude que les Coptes éprouvent après la victoire des partis islamistes dans les urnes, lors des élections qui viennent de se dérouler. Depuis la révolution qui a mis à bas le régime de Moubarak, en février dernier, des affrontements et des attentats interconfessionnels ont causé la mort de plusieurs dizaines d’entre eux. Les Coptes constituent la plus importante communauté chrétienne d’Orient, du Proche et du Moyen-Orient, mais leur inconfort psychologique, et souvent leur angoisse, sont partagés par la plupart de leurs coreligionnaires, après les processus révolutionnaires qui se sont amorcés dans cette région du monde. Et voici que resurgit avec une acuité renouvelée la grande question de la coexistence, pacifique ou non, des Chrétiens avec la majorité musulmane parmi laquelle ils vivent. Question multiforme, religieuse, bien sûr, mais aussi sociale, intellectuelle, politique et culturelle. Question qui plus qu’aucune autre peut être dans ce monde là, appelle une réflexion sur la très longue durée, un millénaire et demi sinon davantage, pour considérer, par delà les inflexions et les ruptures, la permanence des tensions et parfois l’heureuse résurgence des solutions qui ont permis au moins de les adoucir. Bernard Heyberger, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) où il dirige l’Institut d’étude de l’Islam et des sociétés du monde musulman, est mon invité ce matin pour nous aider à démêler les fils d’une histoire dont la complexité n’a d’égale que la richesse humaine. Cette émission a été enregistrée à la mi-décembre.

Jean-Noël Jeanneney