Les campagnes électorales dans la Rome antique

Concordance des temps – émission du 4 février 2012

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Avec Maurice Sartre.

Puisque nous entrons tout droit, et je pense que vous l’aurez remarqué, dans une campagne électorale majeure, avec la perspective d’un scrutin qui est le plus important de notre démocratie française, la quête des précédents s’impose, et j’ai choisi de nous porter ce matin très loin en arrière, jusqu’à l’Antiquité, jusqu’à la République romaine. Alors qu’ensuite, pendant des siècles et des siècles, à partir de l’Empire fondé par Auguste, et en gros jusqu’au XVIIIe, le principe du suffrage populaire comme fondement du pouvoir politique s’est à peu près complètement effacé, il a été en vigueur dans la Rome antique. Et quelles que soient les différences majeures qui distinguent évidemment ce temps-là du nôtre, on peut être surpris, et je pense que vous le serez, par un bon nombre de similitudes dans les comportements des candidats rivalisant pour séduire leur électorat, pour décourager leurs rivaux, pour s’adapter aux modalités juridiques de l’expression des volontés populaires, qu’elles soient individuelles ou collectives. Importance de l’éloquence, pesée de l’argent ouvert ou caché, circuits complexes de l’information, prestige du talent ou de l’héritage, diversités géographiques entre la capitale et la province, clientélismes affichés et acharnements partisans : voilà ce que nous allons voir surgir non sans éprouver le sentiment de curieuses familiarités. Maurice Sartre, professeur émérite d’histoire ancienne à l’Université de Tours et membre de l’Institut universitaire de France, fidèle complice à mon micro, va nous guider dans cet univers si lointain et par moments si proche.

Jean-Noël Jeanneney