Le péril jeune, de l’Antiquité à nos jours

Concordance des temps – émission du 21 janvier 2012

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Avec Jean-Claude Schmitt.

Ce doit être un effet de la crise et des angoisses qu’elle suscite. On a multiplié, tout au long de l’an dernier, les enquêtes et les recherches sociologiques sur l’attitude des Français envers la jeunesse de ce pays. Après d’autres publications, Le Monde titrait récemment sur cinq colonnes, pour présenter un sondage IPSOS qu’il avait commandé, il titrait sur cette question : "Et si la France n’aimait pas ses jeunes ?" 63% des personnes interrogées jugeaient les jeunes égoïstes, 53% paresseux, 52% intolérants. Les jeunes n’étaient pas perçus comme disciplinés, mais comme révoltés par 70% des sondés, alors qu’aucun mouvement important de lycéens et d’étudiants n’avait eu lieu depuis les grandes mobilisations de 2006 et 2008, alors que nul mouvement d’indignés n’a fait écho à ceux qu’on a constatés en Espagne, en Grèce ou en Israël. Ces inquiétudes sont-elles l’effet d’un allongement de l’espérance de vie, ou bien cette fracture générationnelle est-elle naturelle à toute société quelle que soit sa démographie et quelles que soient les règles qui en régissent le fonctionnement ?

Mon invité, Jean-Claude Schmitt, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, directeur du groupe d’anthropologie historique de l’Occident Médiéval, a codirigé naguère un ouvrage important consacré à l’Histoire des jeunes en Occident. En braquant avec lui notre attention surtout sur l’Antiquité et le Moyen-Âge, nous allons tâcher de discerner, d’âge en âge, ce que les comportements collectifs envers ce qu’on a appelé parfois le péril jeune ont pu connaître de variation et de pérennité. Bonne manière, je l’espère, de relativiser telle ou telle crispation contemporaine.

Jean-Noël Jeanneney