Le financement des partis politiques

Nous nous retrouvons donc pour ouvrir la douzième saison de Concordance des Temps. Et parmi tous les sujets nouveaux que notre actualité donne le goût de replacer dans la longue durée de l’Histoire, l’affaire qu’on est convenu d’appeler « Woerth-Bettencourt » s’imposait à notre attention avec une vigueur spécifique. A vrai dire, elle est si foisonnante et si romanesque qu’elle pourrait appeler des réflexions historiques de toutes sortes. Sur les tensions internes aux « grandes familles » comme disait Maurice Druon, celles qui sont favorisées et parfois accablées par l’immensité de leur héritage. Sur les étranges relations qui s’y construisent,  d’un étage à l’autre, (et on pense, bien sûr, au célèbre film La Règle du jeu de Jean Renoir)  entre les maîtres et les domestiques. Sur les tours et les détours compliqués des sévérités et des indulgences du fisc, à l’intérieur du pays et au-dehors, envers les contribuables considérables dont il s’agit. Sur le fonctionnement de la justice,  quand les rivalités de personnes paraissent envahir tout l’espace aux dépens de la sérénité dont on rêverait. Sur les limites de l’autonomie morale, psychologique et civique de deux époux dans leur destin différent et coordonné. Sur les champs de course débordant de leurs frontières. Sur les riches et les pauvres en démocratie. Je reviendrai sûrement sur plusieurs de ces thèmes mais, ce matin, j’ai choisi celui, évidemment central en l’occurrence, du financement des partis politiques entre ombres et lumières, en braquant l’attention, pour comparaison, sur la Troisième République – en compagnie de Serge Berstein,  professeur émérite à Sciences-Po et familier de ce micro.

Jean-Noël Jeanneney