La Hongrie et la tentation autoritaire
Concordance des temps – émission du 17 mars 2012
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La Hongrie semble en passe de devenir le plus mauvais élève de l’Union européenne, au regard des principes de la démocratie. Le premier ministre populiste Viktor Orbán, au pouvoir depuis mai 2010 avec son parti le Fidesz, est accusé de museler les libertés les plus fondamentales. Dans la ligne d’une réforme de la Constitution, en janvier dernier, les principaux contre-pouvoirs, dont le Conseil constitutionnel, ont été supprimés ou rabaissés, l’autorité judicaire dégradée, la protection des données personnelles sur les citoyens déchirée, la haute fonction publique épurée, l’indépendance de la Banque centrale bafouée. Dans le même temps, la presse écrite et audiovisuelle s’est vue imposer le joug d’une surveillance étroite. Au total, plus de 200 lois ont été votées, la plupart rétroactives et liberticides. Et alors qu’à Bruxelles on s’inquiète de cette évolution du régime, les explications données par Viktor Orbán, qu’on a commencé d’appeler « Victator » ses explications devant le Parlement européen n’ont pas dissipé les inquiétudes des eurodéputés.
Dans ces conditions, s’il apparaît qu’il s’agit vraiment d’une sombre spécificité de la Hongrie parmi les vingt-sept membres de l’Union, il s’impose d’aller chercher dans le passé, dans l’Histoire de ce pays, l’origine éventuelle d’une fragilité particulière des libertés publiques et de la libre expression démocratique. Nous allons le faire ce matin, en direct du Salon du Livre, avec la participation de Catherine Horel, directrice de recherches au CNRS et spécialiste de l’Europe centrale. En braquant spécialement notre attention sur trois moments décisifs : la révolution de 1848, au cœur du printemps des peuples, les effets de rabougrissements territorial du pays après 1918 et, bien sûr, le soulèvement de 1956 contre l’emprise soviétique.
Jean-Noël Jeanneney