La France et le rail : une histoire d’amour

Concordance des temps – émission du 19 novembre 2011

Avec Georges Ribeill, historien, sociologue et directeur de recherches à l’Ecole nationales des ponts et chaussées

Le 8 septembre dernier, Nicolas Sarkozy, président de la République, inaugurant le premier tronçon de ligne Rhin Rhône du chemin de fer à grande vitesse et célébrant le trentième anniversaire du TGV, s’est écrié dans un grand élan lyrique : « Le TGV, c’est la France, le train, c’est la France ». Et comme cela n’a pas semblé apparemment absurde à son public, l’idée m’est venue qu’il vaudrait la peine de se reporter en arrière pour considérer sur le long terme ce qu’ont été les relations des Français avec le rail depuis l’apparition des chemins de fer sous la monarchie de Juillet, sous le règne de Louis-Philippe. Certains ont été jusqu’à parler d’une histoire d’amour, certes traversée d’orages mais dont la passion n’aurait jamais été absente. Georges Ribeill, historien et sociologue, est directeur de recherches à l’Ecole nationales des ponts et chaussées et spécialiste de ce domaine. Je vais donc l’accueillir pour évoquer avec lui ce qu’ont été, au XIXe siècle, les débats politiques sur les chemins de fer, entre puissance étatique et intérêts privés, sur le rôle des ingénieurs et celui des financiers. Ce qu’ont été aussi les réactions affectives, littéraires et artistiques devant l’apparition de cette nouveauté radicale, ce qu’elle a entraîné de changements dans les modes de vie, dans la perception de l’espace et de la vitesse, du côté des enthousiasmes comme des angoisses, des rejets comme des fascinations, des chagrins comme des rêves.

Jean-Noël Jeanneney