La dette des Etats : une tentation de toujours ?

Concordance des temps – émission du 22 octobre 2011

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Avec Gérard Béaur, directeur de recherche au CNRS et à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)

Je ne crois pas être désobligeant à votre égard, mes chers auditeurs, si j’affirme que la plupart d’entre vous ignoraient encore, voici quelques années, tout comme moi, l’importance que pourraient prendre les désormais fameuses agences de notation, et même que vous ne connaissiez peut-être pas leur existence. Et voici qu’elles surgissent au premier plan de l’attention publique, avec une  formidable influence, en désignant à la sévérité des marchés, ou à leur pusillanimité, le dévergondage de la dette des Etats. Cette question de la dette publique envahit dans un sentiment d’urgence angoissante, la scène économique, politique et médiatique. Selon un jeu de dominos pervers, plusieurs pays de l’Union européenne sont mis en danger par le déficit abyssal de leur dette nationale, de leur dette souveraine. Et certains, telles la Grèce ou l’Irlande, semblent au bord de la banqueroute. Il m’a donc paru intéressant (je ne dis pas forcément rassurant) de considérer sur le long terme l’histoire de la dette publique, depuis l’Italie médiévale du XIIIe siècle, qui semble bien l’avoir inventée, jusqu’à nos jours, en passant par Louis XIV, le système de Law et les assignats de la Révolution. Mon invité Gérard Béaur, directeur de recherche au CNRS et à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), qui a présidé naguère l’Association française des historiens économistes, va nous aider à éclairer la portée des intérêts et des passions qui s’entrechoquent ici depuis toujours, entre les exigences myopes du court terme et le soucis des héritages collectifs : rien de plus actuel en vérité, et je gage que, sans tomber dans trop de technicité, nous allons vous le démontrer.

Jean-Noël Jeanneney