Devenir Français sous la IIIe République

Le civisme l’appelait, la conjoncture l’invitait, sa compétence l’imposait : Patrick Weil est mon invité ce matin. Directeur de recherches au CNRS dans le cadre du Centre d’histoire sociale du XXe siècle à la Sorbonne, il est un spécialiste reconnu de l’immigration en France, jadis, naguère et aujourd’hui.

La vigueur des déclarations de Claude Guéant, tout neuf ministre de l’Intérieur donne en effet le goût de les replacer dans la longue durée dans l’histoire républicaine. « Les Français, nous dit-il, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux ou bien ils ont [celui] de voir des pratiques qui s’imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale ». « J’ai demandé, ajoute le ministre, que l’on réduise le nombre de personnes admises au titre de l’immigration du travail ». Et ceci encore : « Nous allons continuer à réduire le nombre d’étrangers venant en France au titre du regroupement familial ».

Avant lui le président Sarkozy, dans son discours emblématique de Grenoble, avait affirmé que la nationalité française devrait pouvoir être retirée à tout individu d’origine étrangère qui aurait « volontairement porté atteinte à la vie de toute personne dépositaire de l’autorité ».

Quelle que soit l’interprétation que chacun fera à sa guise de cette politique d’ensemble, interprétation philosophique ou politicienne, les rapprochements avec le passé, où les comportements des pouvoirs publics dans ce domaine furent variés et parfois cahotiques, devraient aider chacun à affiner sa réaction devant des choix si délibérément provocateurs pour l’héritage des Lumières.

Jean-Noël Jeanneney