L’un de nous deux – Lecture de la pièce de théâtre

Lecture par Jean Kergrist et Jean Lebrun

"Il est toujours permis à l'Histoire d'opposer des hypothèses au destin". La Résistance à la défaite, par exemple.

Jean-Noël Jeanneney, qui aime s'inscrire dans le sillage de cette phrase de Jaurès mais qui est aussi le fils d'un ministre gaulliste, a visité, jeune, le Commandeur de la France libre à Colombey. Devenu ministre à son tour, président de Radio France puis de la BNF, il a néanmoins consacré le plus fort de son activité à l'histoire.

Bien avant l'actuel président de la République, il a publié un livre sur Georges Mandel, l'homme qui aurait pu tenir le rôle du général de Gaulle le 18 juin 1940 si les circonstances ne l'en avaient empêché – les circonstances et peut-être une certaine retenue devant l'aventure.

De retour en Haute-Marne, Jean-Noel Jeanneney vient présenter la pièce – sa première pièce de théâtre- que le destin de Mandel lui inspire maintenant. Nous sommes en juin 44. Mandel a été retenu en France une fois consommée la défaite, il est maintenant détenu dans une petite maison en lisière du camp de Buchenwald, avec Léon Blum. Au bout de quatorze mois d'une cohabitation d'abord forcée puis confiante, les deux hommes s'entretiennent à coeur ouvert mais, en même temps, avec la réserve qui caractérisait les personnages publics de l'époque.

"Il faut être prêt, toujours. Manière de servir sa liberté intime. Il s'agit qu'elle survive contre les contraintes de la force…" Mandel fait bien de s'exprimer ainsi. Le 28 juin 1944, son adversaire Henriot, ministre collaborateur, est tué par la Résistance à Paris. Les Allemands vont, en représailles, se saisir de l'un de leurs deux prisonniers de Buchenwald pour l'offrir en sacrifice. Ce sera "L'un de nous deux".

La pièce de Jean-Noël Jeanneney, ainsi titrée, est présentée pour la réouverture du théatre de Saint-Dizier. Présentée, et non pas, à proprement parler, représentée. Un enregistrement, ultérieur, sera donné sur France Culture, avant une saison sur une scène parisienne. Aujourd'hui, en présence de l'auteur et en avant-première, un premier croquis. Une esquisse de mise en scène.Jean Lebrun, qui a fait de France Culture une radio habituée de la Haute-Marne, sera Georges Mandel. Et le comédien Jean Kergrist, fondateur du TNP (Théatre National Portatif) sera Léon Blum. Il viendra à cet effet de sa Bretagne intérieure, dont le général de Gaulle, en son temps, avant de gagner Londres, avait envisagé de faire un "réduit breton".

Après la lecture au théâtre, Jean-Noël Jeanneney s'entretiendra avec ses lecteurs et spectateurs à la librairie Larcelet à 19h. 
(46 avenue de la République, Saint-Dizier)